Un peu d’histoire…
Arrivés en 1865 avec cheval et charrette de leur Savoie natale, Monsieur et Madame MOLLARD ouvrent un bistrot devant la gare Saint-Lazare, alors un peu à l’écart du Paris des affaires. Avec le succès du chemin de fer, la gare passe de son état embryonnaire de 1845 sur le Pont de l’Europe à sa phase de construction, de 1869 à 1889, à l’emplacement actuel. Le quartier, alors en pleine ébullition, se développe très vite.Trente ans après son arrivée, Monsieur MOLLARD a gagné assez d’argent pour entreprendre les travaux nécessaires et réaliser le plus bel établissement de Paris.
Il fait spécialement venir d’Italie des mosaïques, et demande aux ateliers de Sarreguemines de créer pour lui des pièces uniques ayant pour thème la vie autour de la gare Saint-Lazare.
Ces pièces évoquent Deauville, Saint-Germain-en-Laye, Ville d’Avray, l’entrée et la sortie de la gare Saint-Lazare, une « partie fine » de l’époque, sans oublier l’Alsace et la Lorraine, inévitables en cette année 1895.
La Maison MOLLARD crée l’événement en devenant le restaurant le plus chic, et le rendez-vous de grand luxe le plus en pointe, dans le quartier le plus moderne qui soit de tout Paris. Le GIL BLAZ annonça l’ouverture de MOLLARD en 1895.
Edouard NIERMANS – architecte qui réalisa entre autres LE NEGRESCO et ANGELINA – eut le contrôle de l’ensemble de la réalisation, fait lui-même les dessins des mosaïques, dessine les modèles des chaises, des tables, des appareils lumineux, des portemanteaux, et même du meuble de la caissière…
Les années Noires
Puis arrive la guerre14-18. La Maison MOLLARD voit sa clientèle partir, en majorité ruinée ou disparue après-guerre. À partir de 1918-1919, l’affaire s’endort peu à peu…. Jugeant alors le décor trop démodé, et afin de relancer le restaurant, l’essentiel de la décoration est caché derrière de la peinture et de grandes glaces, ce qui permit de conserver intacte la presque totalité du cadre pendant près de cinquante ans. Seule, la verrière centrale s’effondre en 1920.
En 1928, MOLLARD se fait racheter par la famille GAUTHIER, et de 1930 à 1934, l’établissement traverse la crise comme l’ensemble des commerces. C’est l’époque de l’essor du Front Populaire et la marche vers la guerre.
La guerre 39-40 ne change guère l’activité, mais en revanche, sous l’Occupation, l’établissement permet à beaucoup d’habitants du quartier de survivre dans la pénurie ; chaque jour la queue s’allonge devant la porte.
Le Renouveau
En 1945, la vie des affaires recommence, et la clientèle d’après-guerre de MOLLARD se compose essentiellement de Rouennais et de Havrais qui, reprenant leurs affaires parisiennes, devant la pénurie de bureaux, tiennent salon chez MOLLARD qui devient le rendez-vous des grands des affaires. On l’appelle même : le « Bureau ». La consommation d’apéritifs atteint jusqu’à 50 000 litres en 1949 !… pour diminuer petit à petit.
Dans les années 1955, MOLLARD redevient un restaurant à part entière et fait même courir tout Paris avec sa formule de l’Omelette Surprise : tout était servi à discrétion sur la table pour une somme de 10 Francs ! La formule dure jusqu’àla fin des années 60, et lui assure un succès incroyable.
Dès 1965, il est décidé de rechercher les anciennes décorations, d’enlever toutes les peintures ainsi que les grandes glaces. La surprise est de taille : l’essentiel du décor a été préservé ! Toutes les grandes fresques de l’époque sont restaurées, une seule a été perdue. MOLLARD retrouve son cadre de 1895 et son décor historique fait de tons vert d’eau, bleu roi, dorés, de marbres beiges et marrons sur les grandes colonnes et tout autour des mosaïques anciennes.
Mollard a été officiellement classé dans la liste complémentaire des monuments historiques en 1989.
Aujourd’hui, Mollard reste une référence dans le Paris des Brasseries.