Glenn Gould, naissance d’un prodige pour une symphonie d'émotions

Glenn Gould, naissance d’un prodige pour une symphonie d'émotions

La nouvelle création d'Ivan Calbérac ; une partition aux accords parfaits !

Ivan Calbérac nous plonge dans l’univers de ce génie, pianiste canadien, souffrant du syndrome d’Asperger et qui durant toute sa vie, va réinventer et offrir sa lecture très personnelle des œuvres qu’il choisira d’interpréter.

Mais c’est aussi un drame familial qui se déroule sous nos yeux, au fils des tableaux qui s’enchaînent avec beaucoup de fluidité et de créativité.

La mise en scène est ingénieuse et fait voyager le spectateur, dans un rythme soutenu, en accompagnant Glenn, (Thomas Gendronneau ) dans ses moments de joies, ses succès ..mais surtout dans ses doutes, ses crises, ses angoisses qu’il n’arrivera jamais à contrôler et qui finiront par l’emporter.

Les personnages qui gravitent autour de Glenn sont aussi magnifiquement bien interprétés.

Sa mère, (Josiane Stoleru) véritable castratrice, presque incestueuse, est saisissante. On assiste, impuissant, au piège inconscient qu’elle construit autour de son fils, par désespoir de ne pas avoir réalisé elle-même ses rêves. Comme une araignée tisse sa toile pour empêcher sa proie de s’échapper…. Glenn ne s’envolera jamais.

«  J’ai souhaité m’inscrire dans la philosophie de Gould, en essayant de raconter son histoire sous un angle différent. Dans le destin de ce prodige, ce qui m’a le plus marqué, c’est son rapport à sa mère, une mère étouffante, fusionnelle et probablement incestueuse que Glenn n’a jamais réussi à tuer symboliquement, et qui semble l’avoir traumatisé au point de ne jamais avoir été capable de vivre de relation amoureuse stable… »  Ivan Calbérac

Son père (Bernard Malaka) nous émeut par la dualité qui le dévaste entre l’amour porté à son fils et sa lâcheté à ne rien faire contre son épouse pour sauver Glenn de son emprise.

La cousine (Lison Pennec) jeune fille romantique, éperdument amoureuse de Glenn qui le soutient sans faillir, qui essaye de le séduire, en vain. Ce personnage touchant offre toute la douceur à cette tragédie, comme des petites lueurs d’espoir ponctuant le spectacle mais qui précédent toujours les zones d’ombres de la vie de ce génie.

Sans oublier l’impresario de Glenn (Benoît Tachoires ) à la fois directif et bienveillant qui conduira l’artiste au sommet de son art. Mais c’est aussi ce succès, cette gloire qui vont  plonger Glenn dans les abîmes car plus le public l’adule et plus il s’enferme dans ses névroses.

« Plus qu’un « biopic », c’est donc l’histoire d’un drame que j’ai voulu écrire, une tragédie familiale, shakespearienne, ou plus le temps passe, moins les êtres qui s’y débattent n’ont de chance de trouver ce bonheur qui leur échappe, et bien au contraire, plus ils courent vers leur perte, et leur disparition prématurée. »  Ivan Calbérac

Tous les comédiens jouent leur partition avec grande maestria. 

Rires, larmes, émotions…. on vit cette tragédie pleinement, intensément. 

Merci à Ivan Calbérac, aux artistes et à tous ceux qui contribuent à cette très belle aventure théâtrale.

Glenn Gould, naissance d’un prodige, texte et mise en scène d’Ivan Calbérac
Petit Montparnasse
31 rue de la Gaîté – 75006 Paris.
Du 7 septembre au 20 novembre 2022.
Du mardi au samedi à 21h, dimanche 15h.
Durée 1h30.

Avec Josiane Stoleru, Bernard Malaka, Thomas Gendronneau, Lison Pennec, Benoît Tachoires, Stéphane Roux.
Scénographie de Juliette Azoppardi et Jean-Benoît Thibaud.
Lumières d’Alban Sauvé.
Vidéo de Nathalie Cabrol.
Costumes de Bérengère Roland.
Assistante à la mise en scène Florence Mato.

Pour notre plaisir ... Glenn Gould

Laurence Trinquet