Évasion en Côtes-d’Armor : entre art, nature et patrimoine.

Évasion en Côtes-d’Armor : entre art, nature et patrimoine.

L’appel du large, version Armor.

À moins de trois heures de TGV de Paris, les Côtes-d’Armor déploient un éventail de paysages à couper le souffle. Ici, l’Atlantique se fait Émeraude, les plages ourlées de sable fin succèdent aux falaises battues par le vent et les sentiers côtiers serpentent entre landes, forêts et panoramas marins. 

Cette Bretagne-là, à la fois sauvage et accueillante, conjugue nature brute et culture enracinée. Que l’on soit passionné de patrimoine, curieux de saveurs locales ou simplement en quête de beauté et de silence, ce bout d’Armor touche droit au cœur. 

En mai 2025, j’ai eu la chance d’y être invitée pour un voyage de presse organisé par Côtes d’Armor Destination. Une immersion sensorielle que je vous propose de revivre à travers 10 étapes soigneusement sélectionnées, comme autant de pépites à découvrir au fil d’un itinéraire qui allie mer, histoire et plaisirs gourmands. 

Séjour idéalement à répartir sur 3 à 4 jours pour savourer chaque étape à votre rythme.

La Maison de Léa : Une table au cœur d’une maison d’armateurs.

À Binic, ancienne place forte de la pêche à la morue, La Maison de Léa s’impose avec discrétion dans une élégante bâtisse du XIXe siècle. Située face au port, cette adresse conjugue charme patrimonial et finesse gastronomique.

Le parquet ancien, les luminaires en cage et les objets marins donnent au lieu un esprit à la fois chic et marin.

Dans l’assiette, le terroir breton se réinvente : brochettes de Saint-Jacques lardées, galette de sarrasin à la fondue de poireaux et noix de Saint-Jacques, ou encore une surprenante choucroute de la mer, subtile et crémeuse. Chaque plat est un équilibre entre saveurs iodées et créativité.

Pour clôturer le repas, ne manquez pas la dégustation du Boujaron du pays Goëlo, un digestif local à base d’eau-de-vie de cidre qui rend hommage aux capitaines morutiers du Goëlo.

Un premier arrêt tout en douceur, parfait pour se plonger dans l’esprit des Côtes-d’Armor, entre histoire maritime, cuisine maison et accueil chaleureux.

Impossible de séjourner à Binic sans flâner le long du port de plaisance, poumon vivant de cette petite station balnéaire surnommée autrefois « le grain de beauté des Côtes-d’Armor ». 

Là, voiliers et bateaux de pêche dessinent une carte postale vivante. À marée basse, le port découvre ses vasières et sa mémoire de cité morutière. Plus loin, les plages de sable blond s’étendent à perte de vue, offrant un panorama apaisant sur une mer d’azur. 

Voilà un cadre parfait pour commencer une escapade bretonne entre terre et mer.

Prochaine étape : 15 km environ

Chapelle de la Maison Saint-Yves – Un bijou Art déco au cœur de Saint-Brieuc

Au détour d’une rue paisible de Saint-Brieuc, un joyau méconnu s’offre aux visiteurs curieux : la chapelle de la Maison Saint-Yves. Édifiée en 1937 dans l’enceinte de l’ancien grand séminaire, elle surprend d’abord par son écrin architectural. Le cloître, élégant et paisible, dévoile un jardin aux lignes géométriques parfaites, où les iris en fleur dialoguent avec les façades de granit.

Mais c’est en pénétrant dans la chapelle que la magie opère. L’Art déco y explose en détails raffinés : vitraux stylisés, ferronneries aux motifs en spirale et surtout un spectaculaire ensemble de mosaïques signé Isidore Odorico, figure majeure du mouvement. 

Le regard est happé par la nef : plafonds à caissons, piliers peints de motifs géométriques et lumière tamisée filtrant par les vitraux. Une atmosphère à la fois solennelle et graphique. L’escalier menant à la crypte ajoute à cette sensation de sacralité feutrée.

On prolonge la visite par la découverte de la bibliothèque patrimoniale, véritable trésor de livres anciens et de la crypte intimiste. L’ensemble est à l’image du Saint breton qui veille sur les lieux : protecteur, juste et profondément humain.

Prochaine étape : 26 km environ

Antoine – Les Sucettes du Val : L’enfance retrouvée en confiserie

Il suffit de pousser la porte de cette grande confiserie verte au port de Dahouët pour replonger en enfance. Chez Antoine – Les Sucettes du Val, tout évoque la gourmandise des jours heureux : étals colorés, bonbonnières géantes, parfums sucrés. Antoine, artisan passionné, perpétue la fabrication traditionnelle des sucettes à l’ancienne, cuites au chaudron et coulées à la main.

Parmi les dizaines de parfums proposés, on retrouve les saveurs d’antan : violette, anis, citron vert, pomme d’amour, et bien sûr caramel au beurre salé, grande star locale. Mais la boutique va bien au-delà des sucettes : on y trouve également biscuits, confitures, caramels, miels, cidres, tous issus de producteurs bretons. Une véritable caverne d’Ali Baba sucrée à explorer dans une ambiance joyeuse et chaleureuse.

C’est le genre de lieu où l’on vient « juste pour une sucette »… et d’où l’on repart les bras chargés. Une adresse incontournable pour les becs sucrés à deux pas de la mer.

Ballade et panorama sur Dahouët : entre nature brute et mémoire des Terre-Neuvas

Après cette pause sucrée aux Sucettes du Val, cap sur les sentiers ! Quelques pas suffisent pour rejoindre un tronçon du GR34, le célèbre sentier des douaniers. Là, les panoramas s’ouvrent en grand : à gauche, les roches noires creusées par le temps ; à droite, la mer d’un bleu franc, frangée de vert émeraude. 

Face à nous, le petit port de Dahouët dévoile ses charmes : autrefois point de départ pour les campagnes de pêche à la morue vers Terre-Neuve et l’Islande, il conserve une âme fière et silencieuse. Chaque muret de pierre semble garder en mémoire les chants des marins, les départs à l’aube, les retours incertains. Aujourd’hui, le calme règne, mais l’histoire affleure à chaque pas. 

Un moment suspendu, entre grand air et résonance patrimoniale.

Prochaine étape : 1 km environ

La Cotriade – Terre & Mer : Un dîner face au port

Pour clore cette première journée en beauté, direction La Cotriade, brasserie élégante installée sur le port de Pléneuf-Val-André, avec vue imprenable sur la mer. Aux commandes, Camille et Mathieu, un couple passionné ont su faire de ce lieu une véritable escale gastronomique. On s’y installe face aux baies vitrées, tandis que le soleil décline lentement, offrant aux flots une lumière dorée.

Dans l’assiette, les produits bretons sont à l’honneur : bar rôti sur peau aux légumes croquants, choucroute de la mer aux poissons fumés, langoustines fraîches, ou encore huîtres et coquillages servis avec une délicieuse mayonnaise maison. Les cuissons sont justes, les assaisonnements précis et la présentation raffinée sans jamais être prétentieuse.

Le personnel est souriant, professionnel et attentionné. Ici, on prend le temps, on savoure chaque bouchée tout en écoutant le ressac. En dessert on se laisse tenter par une douceur locale ou un sorbet fruité, avant de conclure avec un dernier verre de cidre fermier ou un café bien serré. La salle, lumineuse et conviviale accueille aussi les grandes tablées. Voila une adresse idéale pour un dîner d’anniversaire ou une soirée entre amis.

Un véritable coup de cœur pour ce lieu où la mer, la table et l’hospitalité bretonne dialoguent en harmonie.

Prochaine étape : 19 km environ

Une nuit élégante à l’Hôtel de Diane

Nichée au cœur de la station balnéaire chic et arborée de Sables-d’Or-les-Pins, l’Hôtel de Diane allie charme rétro et confort contemporain. Derrière sa façade d’inspiration anglo-normande on découvre un univers feutré et raffiné : salons cosy aux fauteuils moelleux, mosaïques au sol, touches art déco et lumière tamisée. Le matin, le petit déjeuner en buffet est un vrai bonheur – fruits frais, viennoiseries croustillantes, confitures locales et jus de fruits maison. 

L’accueil est attentionné, discret mais chaleureux, parfait pour se ressourcer entre deux journées d’exploration. À deux pas, la plage bordée de dunes et de pins offre un décor apaisant, propice à une promenade matinale ou un bain de lumière.

Prochaine étape : 12 km environ

Château de Bienassis à Erquy

À quelques kilomètres d’Erquy, le Château de Bienassis déploie fièrement sa silhouette médiévale entre douves, pelouses impeccables et topiaires savamment taillées. Sa majestueuse allée encadrée d’arbres  mène droit à une façade en grès rose, flanquée de tourelles, de mâchicoulis et de meurtrières : un vrai décor de conte de fées breton ! Dès l’arrivée, l’harmonie du lieu frappe. Ici, l’histoire ne s’impose pas, elle vous enveloppe doucement.

Dans la cour intérieure l’ambiance se fait plus intime : le regard glisse sur les sculptures animalières contemporaines, puis sur les toits d’ardoise qui semblent dialoguer avec les frondaisons alentour. Le potager, entretenu avec passion par Hyacinthe de Geyer est un livre vivant où chaque légume ou fleur est l’occasion d’une anecdote savoureuse contée avec malice par ce jardinier érudit.

La visite se poursuit à l’intérieur du château où les boiseries sculptées, plafonds peints, meubles anciens et escaliers en colimaçon vous plongent dans la vie quotidienne d’une demeure seigneuriale bretonne. De salle en salle les détails abondent : stucs, céramiques, peintures religieuses, objets précieux, tables laquées ou incrustées… Un petit bijou d’art de vivre ancien.

* Il est à noter que les photos sont autorisées à l’intérieur uniquement pour des détails de mobilier ou d’architecture – les vues d’ensemble des pièces sont interdites, afin de préserver l’intimité des lieux.

Et puis il y a cette anecdote charmante, murmurée à l’oreille du visiteur : autrefois, les fauteuils étaient incurvés pour les hommes pour plus de confort, et droits pour les femmes ! Une façon bien tangible de marquer les statuts et les postures.

Cette visite est une véritable halte incontournable entre raffinement, mémoire et nature. Idéale pour débuter la journée dans une atmosphère paisible et hors du temps.

Prochaine étape : 3 km environ

Randonnée sur la côte sauvage d’Erquy GR

Départ depuis le port d’Erquy, 4e port de pêche français, où les bateaux se balancent doucement dans la lumière du matin. Très vite, le sentier du GR34 s’élève et révèle les premières vues spectaculaires sur la baie. L’air est vivifiant, chargé d’embruns et de pins maritimes.

Le chemin serpente entre falaises de grès rose, landes tapissées de bruyères et plages désertes. À chaque détour la côte se redessine, tour à tour sauvage et apaisée. 

Et puis surgit une surprise de carte postale : le lac bleu. Niché dans une ancienne carrière, il offre un miroir limpide encadré de roches abruptes et d’iris sauvages. Le silence est total, presque sacré. Un instant suspendu dans ce lieu improbable, secret naturel que seuls les marcheurs attentifs peuvent découvrir.

Au fil de la balade le sentier dévoile aussi l’histoire d’Erquy et de ses hommes. On y découvre les fameux « paquets de tabac », ces blocs de grès rose extraits des carrières locales, jadis utilisés pour paver les rues. C’est ici que travaillaient les anciens carriers, surnommés « les sabots râpés », tant leurs sabots s’usaient sur la pierre.

Dans les années 50, de nouveaux trésors sont découverts sous la mer : les bancs de praires. Puis, en 1967, c’est au tour des coquilles Saint-Jacques de prospérer, profitant étrangement de la disparition soudaine des pieuvres, leurs principales prédatrices. Un basculement mystérieux… mais salutaire pour les pêcheurs.

Cette randonnée est une immersion dans une Bretagne brute et vibrante entre géologie spectaculaire, biodiversité préservée et mémoire des hommes.

Prochaine étape : 3 km environ

Crêperie du Petit Saint Michel – Pause bretonne avec vue sur mer

Après les efforts, le réconfort ! 

Nichée sur les hauteurs d’Erquy, face à l’océan, la Crêperie du Petit Saint Michel séduit d’abord par sa terrasse en bois avec ses tables turquoises. Ouverte sur la mer, c’est une véritable invitation pour un moment de détente. On peut aussi, selon la météo, s’installer dans la chaleureuse salle intérieure aux allures de maison de famille. Le cadre est simple, sans chichi, mais plein de charme. On y savoure une galette généreuse à la poitrine fumée, oignons confits et camembert fondant, et /ou encore une crêpe au caramel beurre salé maison, gourmande à souhait.

Les produits sont frais, les saveurs authentiques et le service amical. Ici, pas de prétention, juste l’envie de bien faire. L’endroit parfait pour recharger les batteries avant de repartir explorer la côte, le regard encore tourné vers la mer.

Prochaine étape :  18 km environ

Fort La Latte – Une forteresse à couper le souffle

Accroché à la falaise, surplombant la mer d’Émeraude, le Fort La Latte surgit comme dans un rêve médiéval. Ce joyau d’architecture militaire bretonne bâti au XIVe siècle se découvre au terme d’un sentier côtier où les embruns escortent vos pas. Sa silhouette fièrement dressée évoque autant les batailles d’antan que les décors de cinéma : plusieurs films, dont Les Vikings avec Kirk Douglas, y ont été tournés.

On pénètre dans l’enceinte par un pont-levis redoutable, protégé de deux herses et flanqué d’un système défensif ingénieux : mâchicoulis, canonnières et meurtrières se répondent à chaque angle de pierre. Dès l’entrée, un trébuchet reconstitué rappelle les techniques d’assaut médiévales, tandis qu’un four à boulets datant de la Révolution évoque une autre époque de défense.

Le donjon offre un panorama à couper le souffle. Ses quatre statues allégoriques représentent les quatre vertus cardinales : Prudence, Justice, Force et Tempérance. Le vent y parle fort mais l’histoire plus encore. On y apprend que le site fut conquis par Bertrand Du Guesclin en 1379, puis attaqué par le duc de Mercœur en 1597, avant de renaître grâce à des restaurations minutieuses.

Du haut des remparts le bleu profond de l’océan contraste avec le grès rose des murs en créant une palette unique et saisissante. Un lieu où l’Histoire se vit autant qu’elle se contemple.

Prochaine étape :  32 km environ

Musée Mathurin Méheut – L’art comme science, la science comme art.

À Lamballe-Armor, entre les bâtiments du Haras national et les jardins en fleurs, le musée Mathurin Méheut se déploie dans une scénographie contemporaine à la hauteur de son hôte. 

Peintre, dessinateur, céramiste, illustrateur, décorateur, Mathurin Méheut fut un véritable polymathe de l’image : à la fois artiste de renom international et pionnier de la vulgarisation scientifique qu’on surnomme parfois « le peintre de la mer ». 

Ses études sur les fonds marins, menées avec l’Institut de biologie marine de Roscoff ou encore ses croquis animaliers sont de véritables témoignages naturalistes, sensibles et rigoureux.

Dans un espace muséal entièrement accessible aux quatre handicaps (moteur, auditif, visuel et mental), le visiteur découvre aussi bien les grandes toiles que les carnets de croquis ou les céramiques délicates. Le parcours est vivant, pédagogique, conçu pour petits et grands, avec des ateliers créatifs et un parcours-jeu pour les enfants. 

On salue ici le travail de Yves Milon, président de l’association du musée, et des scénographes passionnés qui ont su magnifier l’œuvre de Méheut tout en gardant une grande lisibilité.

Une étape riche de sens, entre art, nature et transmission dans un environnement exceptionnel partagé avec les écuries et les parcs du Haras. On vous conseille également de visiter le Haras juste à coté. 

Quelques mets gourmands à mettre dans votre valise pour une dégustation souvenirs.

Karma Kombucha Mangue – Demeter
Élaboré à partir de thé fermenté et d’ingrédients issus de l’agriculture biodynamique, ce kombucha à la mangue allie douceur fruitée et vertus digestives. Idéal bien frais à l’apéritif ou en digestif léger. Produit à base de souches vivantes, il allie santé et plaisir avec élégance.

Fertile Fungi – Tartinable Terre
Un tartinable 100 % végétal à base de champignons bio, élaboré dans une démarche durable. Onctueux, parfumé, parfait sur une tranche de pain grillé ou pour relever une assiette de pâtes. Fabriqué en Bretagne par des passionnés du mycélium gastronomique.

Bière Tagarin Ale – Uncle
Brassée artisanalement à Binic par la Brasserie des Tontons, cette pale ale rend hommage aux marins du Goëlo. Notes houblonnées avec une légère amertume et un caractère local bien trempé. Une bière à partager en bonne compagnie face à la mer.

Rillettes de bar au yuzu – Le Grand Lejon
Cuisinées en Bretagne avec du bar issu de la pêche locale et une touche d’agrume japonais. Une alliance subtile entre la finesse du poisson blanc et l’acidité du yuzu. À déguster bien frais sur toast ou blinis pour une entrée iodée raffinée.

Sucettes au caramel au beurre salé – La Maison d’Armorine
Spécialité emblématique de la Maison d’Armorine à Quiberon, ces sucettes au caramel au beurre salé évoquent les souvenirs d’enfance. Douces, fondantes et légèrement salées, elles se dégustent lentement pour prolonger le plaisir. Parfaites à offrir… ou à garder jalousement !

Pâté de campagne breton – Mère Lalie
Une recette rustique et généreuse, élaborée à Plélo selon un savoir-faire transmis depuis 1160. Texture moelleuse, goût authentique et petite touche d’épices douces. À servir avec du pain de campagne et quelques cornichons pour un retour aux sources garanti.

La consommation d’alcool est interdite aux moins de 18 ans. L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. – A consommer avec modération.

Laurence Trinquet 19/05/2025